Janvier 2016-Fin octobre 2016

L’enjeu de la mixité sociale et de la diversité culturelle est de taille tant à Droixhe qu’à Bressoux. En effet, le CJ est implanté dans deux quartiers de la ville de Liège classifiés « Zone d’initiatives privilégiées de type 4 » c’est à dire « Cité sociale à requalifier ».  La requalification du site de Droixhe est bien avancée et se poursuit pour « relever le défi de la rencontre entre l’habitat et l’architecture, le logement et le développement socio-économique en assurant la mixité sociale et la qualité de vie ». Toutefois, il ne suffit pas de décréter la mixité sociale et la qualité de vie pour qu’elles se réalisent, il convient au contraire de les construire et de les entretenir pour qu’elles vivent. 

Dans les quartiers de Bressoux et de Droixhe, l’architecture de l’agora-space et du mobilier urbain (bancs) renvoie aux jeunes une image très négative d’eux-mêmes. Changer de regards propose de développer des actions culturelles et artistiques de résistance pacifique dans l’espace public pour faire entendre la voix des jeunes, changer le regards des adultes sur les jeunes et des jeunes sur les adultes et négocier des changements respectueux de l’intérêt général et du bien commun.

Le public du CJ est majoritairement issu du milieu populaire du Maghreb, du Moyen-Orient et de l’Afrique Noire. Il s’agit bien souvent de jeunes issus de familles nombreuses dont la majorité connaît des difficultés socio-économiques. Au nombre des insfrastructures qui participent à de la requalification des quartiers, il y a le CJ qui bénéficie d’ailleurs d’un nouveau bâtiment depuis plus de deux ans maintenant. Des tensions intergénérationnelles et culturelles se manifestent aujourd’hui à propos d’une des infrastructures de loisirs : un Agora Space couvert – terrain multisports de la plaine de Droixhe - qui sera ouvert à tous les jeunes. A l’heure actuelle, l’architecture du projet a été modifiée suite aux remarques et demandes formulées par les représentants du comité des locataires : des grilles ferment l’agora jusqu’à la toiture. Les bancs qui seront installés sur la place sont certes d’un design unique mais ils ne permettront pas de s’asseoir dans la mesure où le modèle retenu est un « assis-debout ». Ce choix suscite bien des questions quand on sait que la plaine va aussi accueillir un terrain de jeux pour les jeunes enfants.

Les jeunes ont fait des propositions responsables concernant l’utilisation de l’espace qui n’ont pas été retenues. Ils vivent mal ces transformations parce qu’ils ne « comprennent » pas pourquoi l’agora space de Droixhe doit être différent de ceux qu’ils connaissent ailleurs mais aussi et surtout parce que l’infrastructure et ses aménagements renvoie une image dévalorisante et stigmatisante d’eux-mêmes. 

Ce projet comprend plusieurs phases complémentaires:

Il porte sur la réalisation d’une enquête participative, l’organisation d’animations dans l’espace public,  la réalisation/création d’une exposition « photolangage » et d’un court-métrage. L’ensemble s’articule sur le développement de pratiques d’art communautaire dans les quartiers de Bressoux et de Droixhe pour explorer et traduire sous différentes formes ce qui relie mais aussi sépare et isole les habitants, les groupes et les communautés.