Risque de Blackout :
Pour le septième bar à débat, la question posée était : « Risque de blackout : intox ou réalité »
Plusieurs personnes ressources étaient parmi nous pour réfléchir à la question :
Damien Ernst (Professeur en électromécanique ULG), pour son expertise sur le plan technique. Son intervention portait sur le risque de blackout et les mesures de délestage envisagées dans un contexte de transition énergétique comme celui que nous connaissons aujourd'hui.
Jean-Marc Pirotton (Délégué syndical Gazelco) pour son apport sur le plan politique et technique, son intervention portait sur la position hégémonique d'Electrabel sur le marché de l'électricité, les aléas d'une politique libérale sur le plan énergétique et les conditions de travail sur le site de Tihange.
Philippe Henry (Député wallon Ecolo) pour ses connaissances sur le plan politique, économique et technique, son intervention a principalement porté sur la politique énergétique fédérale et régionale en mettant en évidence les alternatives par rapport au nucléaire.
Plusieurs aspects ont été développés durant le débat :
- Aspect sécuritaire
Selon nos intervenants le risque de blackout est bien réel. Différents acteurs (syndicats, organisme de régulation, scientifique, etc.) ont soulevés la question, depuis plusieurs années déjà, mais personnes ne s’en ait emparer, ni passer aux actes, le temps politique étant différent (court terme) du temps « énergétique » (long terme). Ce risque devrait augmenter au cours des prochaines années, si les hivers sont rudes (froid qui vient de l’est). Un délestage anticipatif par zone est prévu en cas « d’alerte », mais il pourrait tout de même entrainer des pertes humaines et certainement des pertes économiques.
- Aspect politique
La libéralisation du secteur et la vente d’Electrabel à GDF Suez sont à l’origine de la dérégularisation du secteur et ont entrainer nombre de conséquences : fermeture de centrale thermique pour des raisons de rentabilité trop faible et d’autres sont annoncées, diminution des stock de combustible, manque de coordination entre les acteurs de la production et de la distribution, etc.De plus, on peut constater qu’il n’y a pas de volonté de maintenir une industrie francophone de production d’énergie, l’actionnariat ni étant ni flamand, ni belge. - Aspect économique: Les différentes personnes ressources s’accordent sur le fait qu’il s’agissait d’une erreur de vendre Electrabel, d’ailleurs cette dernière avait le pouvoir d’absorber GDF Suez plutôt que l’inverse. La dérégulation et la libéralisation du secteur ont entrainé une hausse des prix de l’énergie et non pas une baisse des coûts pour le consommateur. Pourtant les centrales nucléaires sont aujourd’hui amorties, hors le prix de l’énergie ne descend pas. La répartition des différents sites entre les producteurs afin de casser les monopoles a en réalité créée des oligopoles qui se mettent d’accord entre eux. Le marché de gros n’est pas très avantageux pour le secteur, nous assistons donc à une course aux subsides.
- Aspect écologique
La loi sur la sortie du nucléaire est maintenue, même s’il y a prolongation de certaines unités de production, et semble inévitable étant donné les recherches et avancées faites en matières d’énergies renouvelable. On peut cependant constater le manque de politique mises en place en ce qui concerne la consommation et l’économie d’énergie.
- Aspect social
La libéralisation du secteur a provoqué une augmentation de la sous traitance dans les différentes tâches qu’un site nucléaire nécessite, et donc des conditions de travail difficiles et un risque accru d’accident pour les travailleurs sous traitant (comme d’en bon nombre de secteur industrielle). Les conséquences de la production d’énergie via les centrales nucléaire sur l’écologie ne sont pas contestables. Il ne faut, cependant, pas négliger la catastrophe sociale que peut provoquer le maintien à l’arrêt de certaines unités (un plan social sera alors mis en place) ou la fermeture des centrales nucléaires de Doel et de Tihange (où une grande parties des employés sont des jeunes).
- Aspect médiatique
Les informations relayées par les médias de masse ont une tendance à augmenter les risques et instaurer un climat de peur. Par exemple, au sujet des microfissures détectées sur certaines cuves, selon nos intervenants, toutes les cuves réalisées par ce même fournisseur comporte des anomalies (DDH ou bulle d’hydrogène enfermée dans l’acier de la cuve) similaires. Plusieurs sont placées en Europe et ne sont pas arrêtées. Elles seraient, en réalité, présentent depuis la création, et donc, le placement des cuves.
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